Marchés sous tension : Politique, Fed, inflation, BioMérieux et Voltalia au premier plan
La dernière semaine d’août a été marquée par une situation politique tendue en France, avec un vote de confiance prévu le 8 septembre qui pourrait transformer le paysage économique du pays. Quatorze mois après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, l’annonce du Premier ministre François Bayrou a ravivé les craintes des investisseurs, entraînant une chute significative des indices boursiers, notamment le CAC 40, qui a perdu 3,3 % en une semaine.
Cette instabilité politique a également eu des répercussions sur les taux d’intérêt de la dette française, avec un rendement des obligations assimilables du Trésor (OAT) atteignant 3,55 %. Les tensions politiques en France se conjuguent à des incertitudes économiques exacerbées par des événements internationaux, notamment aux États-Unis, où le président Donald Trump a limogé la gouverneure de la Réserve fédérale, Lisa Cook, suscitant des inquiétudes quant à l’indépendance de l’institution. Malgré cela, Wall Street a atteint de nouveaux sommets, avec le S&P 500 et le Dow Jones enregistrant des performances positives. Cependant, le mois de septembre est historiquement défavorable pour les grands indices, ce qui pourrait influencer les marchés européens.
Dans ce contexte, les valeurs françaises, en particulier celles dépendantes de la conjoncture nationale, ont souffert. Des entreprises comme Vinci et Eiffage, actives dans le secteur des concessions, ainsi que des banques, ont vu leurs actions affectées par l’incertitude politique.
À l’approche du vote de confiance, les investisseurs restent prudents, scrutant les développements politiques qui pourraient influencer la stabilité du gouvernement. Les prévisions économiques pour la France sont teintées d’incertitude, et la volatilité des marchés pourrait persister tant que la situation politique ne se stabilise pas. Voyons cela en détails.
Lundi 25 août – La Bourse secouée par la crise politique et le choc Valneva
À peine quatorze mois après la dissolution de l’Assemblée nationale, les incertitudes politiques refont surface et replongent la place parisienne dans l’instabilité. Le Premier ministre François Bayrou a annoncé un vote de confiance prévu le 8 septembre, en amont du débat budgétaire. Cette perspective a immédiatement pesé sur les marchés, notamment sur les valeurs financières, très exposées à la dette française.
Le rendement des obligations d’État à 10 ans a bondi, déclenchant un repli des banques et assurances. Le cours de l’action Axa a ainsi décroché de –3,83 % à 40,96 euros. Hors CAC 40, le coup de massue est venu de Valneva : le titre a dévissé de –22,18 % à 3,926 euros, après la suspension par les autorités américaines de son vaccin contre le chikungunya, en raison d’effets secondaires jugés graves. Un double signal de méfiance pour les investisseurs en ce début de semaine.
Mardi 26 août – Les autoroutes dans le viseur, la politique continue de peser
La défiance s’est poursuivie le lendemain. Le risque politique français a continué d’alourdir le climat boursier : le coût de financement à long terme du pays a grimpé, avec un spread vis-à-vis du Bund allemand au plus haut depuis cinq mois. Les financières ont encore souffert, mais un autre secteur a pris le relais dans la tourmente : celui des concessions autoroutières.
La crainte d’une nationalisation, en cas de chute du gouvernement Bayrou et de l’arrivée au pouvoir de formations extrêmes, a fait plonger les valeurs du secteur. Vinci a lâché –5,80 % à 114,45 euros, tandis qu’Eiffage a reculé de –7,85 % à 109,75 euros. Une sanction sévère, reflet d’un marché inquiet de possibles bouleversements dans les équilibres public-privé.
Mercredi 27 août – Le luxe sauve la séance, Nvidia en embuscade
Après deux journées de tensions, le CAC 40 a enfin repris des couleurs, même si le climat restait fragile. Les investisseurs ont trouvé un relais de croissance du côté du luxe, secteur emblématique de la cote parisienne. LVMH a bondi de +3,2 % à 502 euros, porté par l’effet d’entraînement du suisse Swatch, qui a progressé de +6,3 % à Zurich. La maison horlogère a rassuré sur ses perspectives aux États-Unis, entraînant ses pairs européens.
Cette embellie n’a toutefois pas suffi à dissiper les doutes. Le spectre de l’instabilité politique hexagonale a continué à freiner les ardeurs. De plus, les opérateurs attendaient avec prudence les résultats du géant américain Nvidia, acteur clé de l’intelligence artificielle, qui devait livrer ses comptes après la clôture.
Jeudi 28 août – Nvidia et croissance américaine : une indifférence des marchés
Les résultats très attendus de Nvidia, publiés mercredi soir, n’ont pas déclenché de véritable vague sur les marchés européens. De même, la confirmation d’un rebond marqué de l’économie américaine au printemps – +3,3 % en rythme annualisé, contre –0,5 % au trimestre précédent – n’a pas suffi à ranimer l’appétit des investisseurs.
La séance est restée calme, dans un marché en quête de direction. Cette relative inertie illustre la prudence des opérateurs, pris en étau entre le risque politique européen et l’attente des grandes échéances monétaires de septembre.
Vendredi 29 août – Inflation américaine et attentes vis-à-vis de la Fed
La semaine s’est terminée sur une note de retrait. La Bourse de Paris a clôturé en baisse de 0,76% vendredi, avec une perte hebdomadaire totale de 3,34%. Cette semaine a été marquée par un retour de l’instabilité politique en France. L’indice CAC 40 a perdu 58 points, se fixant à 7703 points à la clôture.
Les dernières données sur l’inflation américaine, bien qu’un peu supérieures à l’objectif officiel de la Réserve fédérale, n’ont pas changé le scénario central : celui d’une baisse de 25 points de base des taux directeurs lors de la réunion de septembre.
Si ce signal de détente monétaire devrait en principe soutenir les actions, la prudence l’a emporté. Les marchés ont préféré réduire leur exposition avant un mois de septembre qui s’annonce décisif, tant sur le plan monétaire que politique.
À surveiller cette semaine : l’inflation européenne et l’emploi américain
Lundi 1er septembre – Une journée dominée par les PMI malgré des marchés fermés
La semaine débute dans un climat particulier puisque les marchés financiers américains et canadiens sont fermés à l’occasion de la fête du Travail. Cela laisse davantage de place aux statistiques économiques internationales.
En Asie, les investisseurs suivront de près la publication de l’indice PMI manufacturier Jibun au Japon, puis celle du PMI manufacturier RatingDog en Chine, des indicateurs clés pour jauger la santé du secteur industriel en août.
En Europe, la dynamique se poursuit avec la publication du PMI manufacturier HCOB pour la zone euro, complété par les chiffres du chômage de juillet. Le Royaume-Uni livrera également son PMI manufacturier S&P. Ces données permettront d’évaluer la robustesse de l’activité industrielle dans un contexte de ralentissement global de la croissance.
Mardi 2 septembre – Inflation européenne et indicateurs américains en ligne de mire
Mardi, l’agenda économique est riche. Au Japon, la Banque centrale publie la base monétaire d’août, élément suivi de près dans le cadre de sa politique ultra-accommodante.
En France, deux indicateurs seront dévoilés dès le matin : la situation budgétaire de l’État en juillet et les immatriculations de véhicules neufs en août, utiles pour suivre la consommation et la dynamique du secteur automobile.
La zone euro publiera un chiffre très attendu : l’inflation d’août, déterminante pour les futures décisions de la BCE, ainsi que les permis de construire de mai.
Aux États-Unis, l’attention se portera sur l’industrie avec les indices PMI et ISM manufacturiers d’août, ainsi que sur les dépenses de construction de juillet, des données révélatrices de la vigueur du secteur immobilier et industriel américain.
Côté entreprises, la journée sera marquée par la convocation d’assemblée chez Avenir Telecom.
Mercredi 3 septembre – Services, emploi américain et Livre beige de la Fed
La journée de mercredi s’annonce particulièrement dense. Elle sera d’abord marquée par une vague de publications d’indices PMI non-manufacturiers : au Japon, en Chine, dans la zone euro et au Royaume-Uni. Ces indicateurs permettront de mesurer l’évolution du secteur des services, pilier de la croissance dans ces économies.
La zone euro publiera aussi ses prix à la production intérieure pour juillet, indicateur important de pressions inflationnistes potentielles.
En Amérique latine, le Brésil livrera son PMI non-manufacturier, reflétant l’évolution d’une économie émergente clé.
Aux États-Unis, les chiffres des commandes industrielles de juillet et le rapport Jolts sur l’emploi apporteront des éléments concrets sur la dynamique de l’activité et du marché du travail. Les stocks hebdomadaires de pétrole seront également scrutés, dans un contexte de volatilité des prix de l’énergie. Mais le rendez-vous majeur interviendra le soir avec la publication du Livre beige de la Réserve fédérale, document de référence pour anticiper les prochaines orientations de la politique monétaire américaine.
Côté entreprises, Figeac Aero publiera son chiffre d’affaires semestriel, tandis que Winfarm annoncera après Bourse ses résultats du deuxième trimestre. Par ailleurs, Entreparticuliers.com tiendra une assemblée générale extraordinaire à 9 heures.
Jeudi 4 septembre – L’emploi américain au centre de l’attention
Jeudi, l’agenda économique sera largement dominé par les indicateurs d’emploi américains. Dès 14h15, le rapport ADP dévoilera les créations d’emplois dans le secteur privé pour août, suivi par les inscriptions hebdomadaires au chômage et la balance commerciale de juillet.
L’après-midi sera complété par la publication des indices PMI et ISM non-manufacturiers, permettant de juger de la santé du secteur des services.
En zone euro, seront également publiées les ventes au détail de juillet ainsi que les prix à la production, deux indicateurs importants pour suivre la consommation et l’inflation.
La journée sera particulièrement chargée du côté des entreprises avec plusieurs publications de résultats et de chiffres d’affaires. On suivra notamment Bastide Le Confort Médical (chiffre d’affaires annuel), BioMérieux (chiffre d’affaires du T2), ainsi que les résultats semestriels de Groupe Samse, Linedata Services, Stef et Voltalia. Ces publications offriront un panorama assez large des secteurs santé, énergie et services en France.
Vendredi 5 septembre – Le rapport sur l’emploi US, point d’orgue de la semaine
La semaine se conclut avec l’événement le plus attendu : la publication, à 14h30, du rapport officiel sur l’emploi américain pour août. Ce chiffre, déterminant pour anticiper la trajectoire des taux de la Réserve fédérale, sera suivi de très près par l’ensemble des marchés mondiaux.
En Europe, l’Allemagne publiera ses commandes d’usines pour juillet, la France dévoilera sa balance courante, tandis que la zone euro présentera ses chiffres de croissance et d’emploi pour le deuxième trimestre. Ces données viendront compléter le tableau économique avant le week-end.
Du côté des sociétés, Viel & Cie rendra compte de ses résultats du premier semestre, clôturant ainsi une semaine riche en publications d’entreprises françaises.
