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Point sur le marché actions à la mi année

Depuis le début de l’année 2022, les marchés actions sont en large déclin. En Europe l’indice allemand a perdu 22 % depuis le 1er janvier et on observe une décote similaire sur le CAC 40, en baisse de 20% sur la même période. Le FTSE 100, l’indice anglais, a limité la casse avec une baisse inférieure à 7%. Sur le marché américain la situation est plus prononcée. Le Dow Jones Industrial Average a enregistré une chute de 19 % contre 24 % pour le SP500, indice qui traque la performance des 500 plus grandes capitalisations boursières américaines.

Le grand perdant est le secteur technologique avec le NASDAQ qui lui a enregistré une baisse de plus de 30 %. Ces fortes décotes s’expliquent par une variété de facteurs qui nous allons voir ci-dessous.

USATEC

Rappelons que les marchés actions ont vécu un rallye en quasi-ligne droite depuis les plus bas de mars 2020 soutenu par la politique des banques centrales qui ont fait marcher la planche à billets et lancé un programme d’achat d’actifs afin de soutenir les économies en perdition. Suite à cela, l’inflation anticipée comme ‘transitoire’, s’est installée, et nous observons aujourd’hui des hausses de prix conséquentes qui ont un réel impact sur les consommateurs.

En Angleterre, l’inflation est enregistrée à 9,1 %, un plus haut depuis plus de 40 ans. Les secteurs avec les plus grandes hausses de prix sont l’immobilier, l’énergie et les matières premières. Cette situation inquiète car les risques d’une entrée en récession prolongée augmentent. L’Or, actif considéré comme plus sûr, a enregistré une performance technique intéressante. Le métal jaune a enregistré une forte hausse observée au début de l’année, passant de 1 800 $ à 2 000 $ l’once au commencement du conflit en Ukraine. Mais cette envolée du métal précieux aura été de courte durée puisque celui-ci se traite aujourd’hui autour de 1740 $ l’once. Cette forte décote s’expliquant en partie par la reprise en puissance du dollar américain par rapport aux autres monnaies, ce qui contribue à maintenir la pression sur les actifs cotés en Dollar US, comme l’or.

Bien que certains analystes identifient l’invasion de l’Ukraine par la Russie comme l’élément déclencheur de la baisse des marchés actions, c’est bien l’inflation et les risques de récessions qui soutiennent ce vecteur baissier. Pour tenter de combattre la hausse des prix les banques centrales, en particulier la réserve fédérale américaine, ont relevé les taux directeurs de manière conséquente. Comme en témoigne la dernière hausse de taux de la FED de 50 points de base. Cette hausse des taux couplée aux risques économiques sont les raisons de la baisse des marchés boursiers des 6 premiers mois de l’année 2022.

En revanche, la guerre en Ukraine est l’origine d’un rallye des prix mais cette fois sur le marché des matières premières et en particulier de l’énergie, suite à une augmentation de la demande et un affaiblissement de l’offre provenant de Russie. Au début de l’année 2022 un baril de pétrole Lcrude s’échangeait à 70 $ contre 100 $ aujourd’hui et celui-ci est monté jusqu’à 120 $ à plusieurs reprises. Le scénario est similaire sur le gaz naturel et le gasoil. Cette hausse des prix de l’énergie et des matières premières alourdi les coûts de production de produits industriels et pétrochimique expliquant les prix élevés payés par les consommateurs.

Inflation au Royaume-Uni

Une hausse des prix pour les consommateurs a un effet négatif sur le PIB d’une économie. Quand le pouvoir d’achat est réduit, la demande pour des produits qui ne sont pas caractérisés comme de première nécessité s’affaiblit. Cette multitude de facteurs alarmants explique le faible appétit pour le risque des investisseurs en 2022. Cela se confirme en observant les prix sur le marché des crypto-monnaies qui ont de surcroit confirmer leur position d’actifs à risque. Le Bitcoin par exemple a perdu 70 % de sa valeur depuis son plus haut de novembre 2021 lorsque celui-ci cotait à 68 000 $. Le phénomène est généralisé sur l’ensemble de la classe d’actif puisque la capitalisation des 20 000 cryptomonnaies répertoriés est passé de $ 2.9T à juste en dessous de $ 1T aujourd’hui.

Les craintes d’une récession couplée à la hausse des taux par les banques centrales vont forcer les entreprises à réduire leur coût et cela implique une réduction des effectifs. Petit rappel, depuis avril 2020 le taux de chômage américain est en baisse, aujourd’hui installé en dessous de 4 %. Le mandat des banques centrales est de maintenir une inflation stable, à 2 %, et un taux de chômage faible, en dessous de 3 %. Le problème qui se pose maintenant est que l’inflation et le taux de chômage ont une corrélation négative comme illustre la fameuse courbe de Philips.

Courbe de Philips

Les banques centrales ont aujourd’hui, comme objectif principal de contenir le niveau d’inflation et, si l’on en croit la courbe ci-dessus, il y a un vrai risque d’accroissement du taux de chômage comme la résultante de ce combat contre la hausse des prix. La situation pratique est un peu différente de la théorie. Bien que la hausse des taux réduit naturellement la demande, les entreprises peinent à recruter malgré l’augmentation des salaires. Cet exode des travailleurs tient son origine de la crise du COVID-19 qui a chamboulé le marché du travail et créé un manque de travailleurs dans les secteurs comme les services ou encore le transport.

Le changement de politique monétaire aux États-Unis a propulsé le Dollar, comparé à un panier d’autres monnaies, sur des plus haut historiques de 20 ans. On se rappelle que la politique accommodante de la FED avait fortement pénalisé la valeur du billet vert pendant la crise du COVID-19, soutenant les marchés actions à la hausse, et il était donc normale que ce pivot de stratégie redonne du souffle à la monnaie américaine. La hausse des prix masque ce dollar plus fort et les consommateurs possèdent en réalité un pouvoir d’achat amoindri. L’incertitude règne chez les investisseurs et il est aujourd’hui très difficile d’anticiper à quoi les prochaines années vont ressembler. Une chose est sûre, nous commençons aujourd’hui à payer les décisions prises pour combattre la crise Covid et les plus grandes victimes seront les pauvres et la classe moyenne qui vont voir le pouvoir d’achat s’estomper grandement.

Pour conclure ce point marché il est très difficile aujourd’hui de se projeter dans le futur et cela se reflète sur les prix du marché action et le marché obligataire. Les investisseurs évitent le risque à tout prix et préfèrent rester le plus liquide possible. Il est impossible d’anticiper ce ‘rebond’ que beaucoup attendent depuis des mois et personne ne peut dire s’il aura lieu d’ici quelques mois ou quelques années. Le mot d’ordre est à la prudence.

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