Powell et Lagarde sous les projecteurs : de la Fed aux stress tests bancaires dans un contexte de volatilité géopolitique
L’escalade du conflit israélo-iranien illustre parfaitement l’impact déstabilisateur de la géopolitique sur les marchés financiers mondiaux. Une semaine après le début des hostilités, les Bourses européennes et américaines évoluent dans un climat d’incertitude maximale, partagées entre de fragiles espoirs de résolution diplomatique et la crainte d’une extension régionale du conflit.
Cette volatilité résulte de la conjonction de trois facteurs majeurs : l’imprévisibilité de Donald Trump nouvellement réinstallé à Washington, les répercussions énergétiques directes du conflit moyen-oriental, et la posture attentiste adoptée par les banques centrales face à ces nouvelles tensions géopolitiques.
La semaine boursière du 16 au 20 juin : entre tensions géopolitiques et volatilité sectorielle
La semaine écoulée a été marquée par une correction progressive mais constante des indices européens, le CAC 40 perdant 1,24% sur l’ensemble de la période pour s’établir sous le seuil psychologique des 7600 points. Cette performance, bien que modeste en apparence, masque une nervosité croissante des investisseurs confrontés à l’escalade militaire entre Tel-Aviv et Téhéran.
Lundi 16 juin : Rebond technique malgré l’escalade géopolitique
Le CAC 40 a affiché un rebond technique de 0,75%, compensant partiellement les pertes de la semaine précédente (-1,54%), dans un contexte paradoxal d’intensification des frappes entre Israël et l’Iran. Cette performance témoigne de la capacité des investisseurs à distinguer les corrections techniques des tendances de fond, malgré une inquiétude grandissante.
L’événement majeur de la séance fut l’annonce surprise du départ de Luca de Meo de Renault vers Kering, créant un effet de vases communicants spectaculaire : l’action Renault s’effondrant de 8,7% (plus forte chute depuis mars 2022) tandis que Kering s’envolait de 11,8%. Les cours pétroliers ont oscillé de manière erratique, reflétant l’incertitude géopolitique ambiante.
Mardi 17 juin : Appréhension généralisée et tensions diplomatiques
La séance a été dominée par un climat d’appréhension, alimenté par l’escalade au Moyen-Orient (5e jour consécutif) et amplifiée par le départ précipité de Trump du G7, interprété comme un signal d’imprévisibilité diplomatique supplémentaire. Cette incertitude s’est greffée sur des préoccupations économiques existantes concernant la guerre commerciale et la faiblesse du consommateur américain.
TotalEnergies a tiré son épingle du jeu grâce au relèvement d’avis de Bernstein (« surperformance »), profitant de l’attractivité renforcée des compagnies pétrolières diversifiées. Hors CAC 40, FDJ United a progressé de 2,9%, soutenue par l’initiation de J.P. Morgan à « surpondérer », les investisseurs privilégiant les valeurs défensives.
Mercredi 18 juin : Attentisme maximal avant la Fed
La prudence exacerbée des investisseurs face au double défi – poursuite des échanges de missiles Iran-Israël et attente de la décision Fed – a créé un climat d’attentisme généralisé. Les opérateurs ont préféré observer plutôt qu’agir dans cet environnement chargé d’incertitudes.
Airbus a rassuré ses actionnaires en relevant la borne haute de distribution de dividendes à 50%, signal de confiance malgré les turbulences. À l’inverse, Teleperformance a essuyé un accueil froid pour son plan « Future Forward 2026-2028 », les investisseurs étant sceptiques face aux investissements massifs en IA et leur impact sur la rentabilité court terme.
Jeudi 19 juin : Incertitudes trumpiennes et fermeture de Wall Street
Les déclarations ambiguës de Trump sur une éventuelle intervention militaire américaine ont paralysé les velléités d’achat, coïncidant avec la fermeture de Wall Street pour Juneteenth. Cette incertitude stratégique majeure a privé les investisseurs européens d’un baromètre essentiel.
Dans ce contexte défensif, Sanofi a illustré son statut de valeur refuge (+0,37% à 83,12€). L’événement spectaculaire fut l’envolée d’Eutelsat (+14,5%) suite à l’annonce d’un contrat historique avec l’armée française (1 milliard d’euros maximum) dans les communications militaires spatiales, incarnant les enjeux de souveraineté technologique.
Vendredi 20 juin : Rebond fragile sur espoirs diplomatiques
La séance de clôture s’est caractérisée par un mouvement de balancier révélateur : après avoir progressé de 1,1%, le CAC 40 a effacé la moitié de ses gains, témoignant de la fragilité des convictions. Cette volatilité reflète la volonté de croire à une issue diplomatique tout en restant méfiant face aux déclarations contradictoires de Washington.
Les propos de Trump privilégiant la voie diplomatique ont catalysé le rebond matinal, tempéré par la connaissance de son imprévisibilité. Stellantis a progressé de 0,5% sur les rumeurs de cession de Maserati. Eutelsat a poursuivi son envolée (+30,8%) avec l’annonce de la montée de l’État français à près de 30% du capital, s’inscrivant dans une logique de souveraineté technologique renforcée face aux défis géopolitiques contemporains.
À suivre : la semaine boursière du 23 au 28 juin, entre données économiques et tensions persistantes
La semaine à venir s’annonce déterminante pour l’orientation des marchés, avec un calendrier économique particulièrement dense qui pourrait soit amplifier, soit atténuer les tensions actuelles. Les investisseurs devront naviguer entre la persistance des incertitudes géopolitiques au Moyen-Orient et une série d’indicateurs macroéconomiques cruciaux susceptibles de redéfinir les anticipations de politique monétaire.
Lundi 23 juin : Focus PMI mondiaux et audition Lagarde
La semaine débutera par une synchronisation mondiale des indices PMI instantanés de juin : Japon, zone euro et Royaume-Uni (10h), puis États-Unis (15h45). Ces baromètres d’activité revêtent une importance cruciale pour évaluer l’impact réel des tensions géopolitiques sur l’économie mondiale.
L’événement phare sera l’audition de Christine Lagarde devant le Parlement européen (15h). La présidente de la BCE devra jongler entre préoccupations inflationnistes persistantes et risques de ralentissement liés aux chocs géopolitiques, ses déclarations sur la trajectoire des taux européens étant particulièrement attendues. Les ventes de logements anciens américains (16h) complèteront ce tableau dense, testant la résistance du consommateur face aux tensions et à la politique monétaire restrictive.
Prismaflex publiera ses résultats annuels après clôture, éclairant l’évolution des métiers de la communication visuelle.
Mardi 24 juin : Powell en vedette, OTAN en toile de fond
L’audition semestrielle de Jerome Powell devant la Chambre des représentants (16h) dominera cette journée, le président de la Fed devant expliquer sa stratégie face aux tensions géopolitiques et leurs impacts sur les prix énergétiques et chaînes d’approvisionnement.
En parallèle, le sommet OTAN à La Haye (jusqu’au 25 juin) prendra une dimension particulière dans le contexte moyen-oriental, ses décisions pouvant influencer directement l’évolution du conflit et les marchés. L’indice IFO allemand (10h) et les statistiques françaises emploi/chômage Q1 (12h) éclaireront l’état des économies européennes avant la montée des tensions actuelles.
OVHcloud publiera son chiffre d’affaires Q3, dans un contexte où la souveraineté numérique européenne gagne en importance face aux défis géopolitiques.
Mercredi 25 juin : Deuxième round Powell et automobile européen
La seconde audition de Powell devant le Sénat (16h) permettra d’approfondir sa stratégie sur l’équilibre délicat entre lutte anti-inflation et préservation de la croissance en contexte géopolitique tendu.
Les immatriculations automobiles européennes de mai (6h) prendront une résonance particulière après les turbulences sectorielles (affaire de Meo/Renault/Kering). L’indice de confiance français (8h45) testera l’impact géopolitique sur le moral des ménages, baromètre avancé de la consommation.
Les données immobilières américaines (permis de construire et ventes, 16h) et les stocks pétroliers (16h30) seront scrutés dans ce contexte de volatilité énergétique. Trigano dévoilera son CA Q3, éclairant le marché des véhicules de loisirs.
Jeudi 26 juin : PIB américain et finances publiques françaises
La troisième estimation du PIB américain Q1 (14h30) fournira la photographie la plus précise de l’économie US avant la résurgence géopolitique actuelle. Les commandes de biens durables (14h30) testeront la robustesse de l’investissement privé, indicateur clé de la croissance future.
La dette publique française au sens de Maastricht Q1 (8h45) sera scrutée par les obligataires dans un contexte d’interrogations sur la soutenabilité des finances européennes avec des taux élevés. L’indice GfK allemand (8h) anticipera l’évolution de la consommation germanique face aux incertitudes.
Les inscriptions chômage américaines (14h30) fourniront un instantané de l’impact des incertitudes sur l’emploi. Signaux Girod publiera ses résultats semestriels, éclairant la signalisation dans un contexte d’investissements publics soutenus.
Vendredi 27 juin : Inflation française et stress tests bancaires US
Une journée dense s’ouvrira avec les statistiques japonaises (chômage, inflation Tokyo, ventes détail) et les profits industriels chinois, testant la résilience asiatique dans un contexte régional tendu.
L’inflation française de juin (8h45) sera cruciale pour les anticipations BCE, particulièrement surveillée au regard des pressions inflationnistes exacerbées par les tensions énergétiques. Les revenus/consommation américains (14h30) photographieront la santé financière des ménages US face aux taux élevés.
Point d’orgue : les stress tests des 22 plus grandes banques américaines (22h30) évalueront la résistance du système financier face aux scénarios de crise sévère, prenant une résonance particulière dans le contexte géopolitique actuel pour tester la solidité face aux chocs externes.
