Psychologie : le phénomène FOMO en trading

Intéressons-nous à un phénomène psychologique appelé le « FOMO ». Vous avez peut être eu l’occasion de lire quelques articles ou vu des émissions boursières dans lesquelles plusieurs commentateurs emploient le terme « FOMO ». Mais que signifie exactement « FOMO » , et quel rapport avec le trading ?

1. Le FOMO : qu’est-ce que c’est ?

« FOMO » est l’acronyme de l’expression anglaise « Fear Of Missing Out ». Ce qui peut littéralement se traduire par « La Peur de Passer à Côté » d’une opportunité. C’est en fait un sentiment de frustration qui peut survenir dans des quantités de contextes de la vie de tous les jours.

Par exemple, n’avez-vous jamais eu peur de passer à côté d’un phénomène de mode ?

Vous découvrez que vos amis ont tous acheté une place pour le concert du siècle, ils se sont procuré le dernier accessoire à la mode tellement hype, et vous courrez faire de même par frustration de louper le coche et passer pour le ringard du groupe.

Susciter ce sentiment est une technique souvent utilisée dans le commerce et le marketing. En effet, une entreprise va vous présenter un produit très attractif, le mettre en promotion, tout en précisant que « le nombre d’exemplaire sera limité aux 100 premiers arrivants », ou encore « l’offre expirera d’ici 48 heures ». Frustré par la peur de ne pas vous procurer le produit qui vous fait rêver, vous sortez de chez vous en trombe en espérant arriver au magasin avant qu’il ne soit trop tard.

2. Le FOMO en bourse

Ce même phénomène s’applique également sur les marché financiers.

Il s’agit d’un biais psychologique auquel peuvent être confrontés les traders, qu’ils soient des boursicoteurs particuliers, ou des investisseurs professionnels et institutionnels.

Que faire en effet lorsque le cour d’un indice, d’une action, de n’importe quel titre, semble partir dans une ascension de plus en plus rectiligne ?

Mettons-nous dans la peau de notre trader qui constate que tout à coup, son graphique semble partir en ascension, encore et toujours, et ce sans qu’il ne soit dans la course.

La frustration que cela peut engendrer va impacter alors directement l’esprit de notre opérateur qui assiste impuissant à l’opportunité qu’il vient de manquer, et à l’argent latent potentiel qu’il aurait pu gagner. Si seulement il avait pu entrer dans le mouvement…

Et dans ce cas va-t-il rester stoïque et impassible ou au contraire tenter de se joindre à la fête ?

Plusieurs choix peuvent alors s’offrir à lui :

  • Le trader s’abstient de toute action. Décision la plus sage, mais paradoxalement la plus difficile à prendre, car il s’agit de la plus frustrante !
  • Le trader se place dans le sens contraire, par pur agacement, par pure vengeance, il a manqué le premier mouvement, hors de question de rater le suivant ! Cependant, en faisant cela, il risque de se retrouver seul contre tous et se faire balayer par la mouvance générale.
  • Le trader choisit de sauter dans le mouvement collectif, tel un mouton. Car, se dit-il, une telle opportunité ne se représentera pas de sitôt. Mais gare au risque d’être rentré trop tard et de se retrouver tout en haut alors que le marché corrige.

Certes l’adage dit que « les marchés ne montent pas au ciel », mais retenez aussi que « les marchés peuvent aussi monter bien plus haut que vous ne serez solvable ! »

Toute la difficulté va résider à distinguer une tendance haussière tout à fait saine, avec des moments de replis, de range, avant d’enchaîner de nouveaux points hauts ; d’une explosion de marché beaucoup trop brutale, rectiligne et euphorique.

Suivre un phénomène FOMO à l’aveugle n’est pas toujours la bonne solution. Il vaut parfois mieux prendre son mal en patience, savoir quitter sa plateforme, se changer les idées, plutôt que de partir à la hâte dans le train en marche, et attendre un signal qualitatif avant de prendre position, au risque de se brûler les ailes, quelque soit la direction d’ailleurs.

Mais… savoir garder ce self-control n’est pas quelque chose de si facile, et nécessite un travail personnel. Comme on le dit souvent, la maîtrise du facteur psychologique constitue sans doute la clé la plus importante de la réussite en trading.

3. Actuellement, les marchés sont-ils dans un biais FOMO ?

Petit retour en arrière… Vous avez-pu le remarquer, après avoir chuté très brutalement en décembre 2018, les marchés montent, encore et toujours. Certes il y a eu plusieurs mouvements correctifs durant l’année.

Si l’on prend l’exemple des marchés américains, dont on dit qu’ils conduisent tous les autres, il s’agissait pour Wall Street, du dévissage le plus rapide pour un mois de Décembre (en terme de pourcentage des indices) depuis les années 30 ! Entre le 1 et le 24 décembre 2018, le Dow Jones accusait une perte de 16%.

Mais… après avoir touché un point bas annuel, tout le monde s’est mis à racheter dès le 26 décembre 2018. Le lendemain, alors que la correction haussière se poursuivait, le collectif des institutionnels s’est lancé dans le train.

S’agissant de fonds d’investissement qui raffolent des actifs hautement spéculatifs, ces fameux « Hedge Fund », ou d’institutions ne se servant pas d’effet de levier, comme les caisses de retraites, les fonds de pensions, les dotations, les fondations… c’est à dire ceux qui investissent sur le très long terme ; lorsque tout ce monde là se lance dans la course, le marché monte, monte, monte inexorablement.

À la toute fin d’année 2018, le Dow Jones récupérait 1000 points en une heure avant la clôture.

Dans les mois suivants, tandis que les indicateurs n’étaient pas toujours au mieux de leur forme, beaucoup encore ne croyaient pas à la hausse, beaucoup attendaient une baisse… mais qui ne se produisait pas…

Parfois, ce sont ces gérants de fonds, qui, dans une obligations de performance, vont se voir obligé d’acheter de l’actif à risque car pour les clients, seule la performance compte. De même que les fonds non spéculatifs, qui se voient mécaniquement obligé d’acheter pour remplir leurs objectifs.

Ces phénomènes, ou l’on ne croit pas à la hausse du marché car on est en absence de facteurs économiques solides, mais ou l’on va se résigner à acheter, parce que tout le monde achète, sont à l’origine des mouvements d’euphories, voire de bulles spéculatives déconnectées de l’économie réelle.

Durant des mois, les marchés ont acheté à l’aveugle les rumeurs de baisses de taux, la possibilité d’un accord entre la Chine et les USA. Certes, quelques tweets contrariants ont déclenché des prises de bénéfices, mais les indices remontent toujours à la moindre déclaration accommodante.

Depuis le pic de volatilité atteint durant l’été 2019, les marchés se sont soutenus, dès lors que la phase 1 de l’accord entre les deux puissances économiques chinoise et américaine, a été intégrée. De plus, ces marchés actions et indiciels continuent de vivre depuis l’automne 2019 sous la perfusion des politiques accommodantes des banques centrales, qui ont baissé considérablement leurs taux de prêt, et injecté énormément de liquidité.

La Réserve Fédérale Américaine en est à un bilan de plusieurs centaines de milliards de dollars catapultés en plusieurs mois. Et quid de la Banque Populaire de Chine qui a injecté plus de 2000 milliards de yuan en une semaine pour rattraper ses marchés victimes d’une panique liée à l’épidémie de coronavirus.

Malgré un manque de visibilité sur la santé des entreprises, malgré des indicateurs macroéconomiques qui sont loin d’être toujours éclatants, et malgré des catalyseurs de stress tels que les tensions entre USA et Iran/Irak de début 2020, le Brexit ou le coronavirus, vous avez pu remarquer que chaque phase de stress de ces dernières semaines est aussitôt annulée par de violents rebonds.

Plusieurs indices de référence ne semblent monter que grâce à l’achat mécanique des produits futures. Il suffit de constater les ascendances verticales des futures indices en pleine nuit, ainsi que les gaps aux ouvertures des marchés actions.

Quand ce ne sont pas les futures, ce sont les spéculations très vives sur quelques valeurs parmi les plus lourdes du monde qui boostent les hausses.

Ces phénomènes FOMO peuvent ainsi se constater sur des indices comme le S&P500, sur le NASDAQ 100, ou sur certaines action, comme le titre Tesla.

Conclusion :

Pour le cas d’un trader particulier, céder au FOMO totalement à l’aveugle peut générer encore plus de frustration, et vous embarquer dans la spirale infernale de l’overtrading. Savoir prendre du recul est parfois difficile, mais nécessaire afin de ne pas mettre son capital en péril.

Concernant les marchés actuels, malgré les alarmes criées depuis des mois, voir des années, par les mêmes pessimistes, les marchés actions montent plus rapidement que les autres. Et ce, alors qu’a lieu une crise sanitaire encore non maîtrisée, qui n’a pas encore dévoilé tout ses impacts sur l’économie mondiale. C’est donc à se demander quels signaux seront suffisamment brutaux pour faire tomber les indices qui résistent de plus en plus violemment à toute correction. Si toutefois chute il doit y avoir…

Dans un contexte où le marché action est abreuvé de liquidité, qui ne semble pour le moment plus se soucier de pricer le risque, on peut se demander si le sentiment de FOMO qui va perdurer jusqu’à engendrer un « Bull Market » disproportionné, une totale capitulation des vendeurs avec la prise d’une direction encore plus verticale.

Qui sait si le marché a le potentiel de fuser encore loin. Peut être jusqu’aux prochains niveaux psychologiques ? Comme un DOW JONES à 30000 points, un Nasdaq à 10000, un S&P à 4000, un Cac à 7000 ou un Dax à 140000, etc…

Ou bien si la réalité et la peur du risque reprendra les marchés à un moment ou un autre, lorsque les chiffres des prochains mois rendront leurs verdicts, car ce sont souvent dans ces contextes de FOMO que naissent les bulles spéculatives. Phénomènes sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir dans de futurs articles.

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