
Quand faut-il vendre une action ?
Sur les marchés financiers, on parle souvent du bon moment pour acheter une action. Mais vendre une action, c’est tout aussi stratégique, si ce n’est plus. Une entrée réussie peut être gâchée par une sortie mal maîtrisée. Un investisseur avisé sait qu’une bonne vente permet non seulement de préserver ses gains, mais aussi d’éviter des pertes douloureuses.
Pourtant, nombreux sont ceux qui laissent leurs émotions prendre le dessus : espoir de rebond, peur de manquer la suite de la hausse ou simple paralysie psychologique.
La maîtrise de la vente passe aussi par reconnaître que les marchés évoluent. En effet, les entreprises changent au fil du temps et que votre perception des choses n’est pas figée. Dans cet article, nous verrons quatre raisons concrètes, rationnelles et facilement observables qui justifient la vente d’une action, avec à chaque fois des exemples parlants et des outils pratiques.
Détérioration des fondamentaux : L’alerte invisible mais létale
Quand vendre une action ? Les signaux d’alerte à ne pas ignorer
L’une des premières raisons de vendre, c’est lorsque l’entreprise ne tient plus ses promesses fondamentales. C’est assez piégeux car cela n’est pas visible au premier coup d’œil. Le cours peut sembler solide, mais sous la surface, les chiffres semblent se fissurer.
Quand le chiffre d’affaires stagne ou recule sur plusieurs trimestres, quand les marges se resserrent, que l’endettement grimpe à un niveau inquiétant ou que l’entreprise perd des parts de marché. Cela doit éveiller la vigilance. Ces signaux sont d’autant plus préoccupants lorsqu’ils sont durables dans le temps.
Pour illustrer une tel situation on peut prendre l’exemple marquant est celui de General Electric entre 2016 et 2018. Pendant longtemps, elle a été considérée comme une valeur refuge, mais la société a eu des trimestres décevants. Des ventes en baisse dans de multiples divisions, ce qui a augmenté la dette et surtout réduit les investissements en innovation. Cette situation a conduit à une baisse de la confiance des investisseurs. Résultat ? Le cours de l’action est passé de plus de 150 dollars à 30 dollars en deux ans. Ceux qui ont vendu dès les premiers signaux ont évité l’hémorragie.

De manière plus récente, certaines compagnies aériennes comme Air France-KLM ont vu leurs fondamentaux gravement affectés pendant la crise du Covid. Les revenus se sont effondrés, les dettes se sont envolées, et l’incertitude sur le secteur a remis en cause toute perspective de rentabilité. Dans ces cas-là, il ne faut pas attendre que le marché réagisse. Il faut agir avant.
La survalorisation
Il y a des moments où le marché devient euphorique, certaines actions s’envolent bien au-delà de leur valeur réelle. On parle alors de surévaluation, une situation où le prix d’une action n’est plus du tout en rapport avec ses fondamentaux. Cela peut se détecter par l’analyse de certains ratios, comme le PER (Price Earnings Ratio), qui mesure le prix de l’action par rapport au bénéfice de l’entreprise. Si ce ratio grimpe de manière excessive, surtout sans accélération équivalente des bénéfices, c’est un signal de prudence.
Exemples passés de survalorisation
Le cas emblématique de Zoom Video Communication en 2020. En pleine crise Covid, la demande pour de la visioconférence a explosé. Le titre a suivi : son PER a dépassé les 100, alors que la croissance restait impressionnante mais pas infinie. Quand l’économie a progressivement rouvert, les perspectives sont retournées à des niveaux normaux, et le titre a chuté de plus de 70% par rapport à ses sommets.
Ce type de survalorisation peut également apparaître dans des contextes de bulles sectorielles. La bulle Internet à la fin des années 1990 avait vu des entreprises sans modèle économique clair atteindre des capitalisations démesurées. Lors de l’éclatement de la bulle, les valorisations ont été divisées par dix, voire plus.
Il est donc essentiel de croiser les signaux d’alerte : évolution anormale des ratios, déconnexion entre les perspectives et la valorisation, recommandations prudentes d’analystes, ou encore outils comme les screeners fondamentaux d’Investing ou de ZoneBourse pour filtrer les valeurs à risque.
Comparer le PER avant de vendre une action
Comparer le PER (Price Earnings Ratio) de deux entreprises aussi différentes que Coca-Cola et Tesla permet de mieux comprendre ce que le marché anticipe. On comprend pourquoi certains titres paraissent chers tandis que d’autres semblent plus raisonnablement valorisés.

Coca-Cola affiche un PER d’environ 28, ce qui signifie que les investisseurs acceptent de payer 28 fois les bénéfices actuels de l’entreprise pour en détenir une action. Ce niveau de valorisation est typique d’une entreprise mature, stable, avec une croissance modérée mais prévisible. Coca-Cola évolue dans un secteur peu volatile, avec des revenus récurrents, une forte rentabilité et un historique de dividendes réguliers. En clair, les investisseurs achètent ici de la sécurité et de la stabilité.

À l’opposé, Tesla affiche un PER d’environ 133, soit presque cinq fois celui de Coca-Cola. Cela ne veut pas dire que Tesla est cinq fois plus rentable – au contraire, ses bénéfices sont encore relativement modestes par rapport à sa capitalisation boursière. Ce chiffre traduit surtout les attentes très élevées des investisseurs vis-à-vis de son avenir. Tesla est perçue comme une entreprise de croissance, innovante, à la tête de plusieurs révolutions technologiques : voitures électriques, batteries, intelligence artificielle, robotique, énergie solaire… Le marché intègre déjà aujourd’hui les gains futurs potentiels que Tesla pourrait générer dans les années à venir.
Pour résumer, Coca-Cola représente une certaine maîtrise depuis des années et la prévisibilité. Quant à Tesla, cela incarne un pari sur l’avenir et sur l’innovation. Avoir un PER élevé comme celui de Tesla n’est pas en soi une mauvaise chose, mais cela veut dire qu’elle est chère par rapport à ce qu’elle gagne aujourd’hui. La moindre déception sur sa croissance pourra donc créer de forts mouvements de correction. À l’inverse, un PER plus modeste comme celui de Coca reflète une certaine maturité où les surprises sont rares.
Comment détecter les signaux techniques de retournement ?
L’analyse technique est une approche qui attire particulièrement les traders. Spoiler alert : elle n’est pas réservée aux traders à la minute.
Elle peut aussi servir aux investisseurs de moyen et long terme pour détecter les premiers signes d’essoufflement d’une tendance haussière, et envisager une vente rationnelle, bien avant que le marché ne chute fortement.
Deux outils complémentaires méritent une attention particulière : le RSI et la théorie de Dow.
Le RSI ou indice de la force relative
Le RSI, ou indice de force relative, mesure l’intensité du momentum, c’est-à-dire la force avec laquelle une action monte ou descend. Un RSI supérieur à 70 indique généralement une situation de surachat, tandis qu’un RSI inférieur à 30 traduit une situation de survente.
Mais le plus intéressant, ce sont les divergences : Quand le prix continue de monter, mais que le RSI commence à baisser, cela signifie que l’élan faiblit. Le marché monte encore, mais avec de moins en moins de conviction. Cette perte de souffle est souvent le prélude d’un retournement.
C’est exactement ce que l’on a observé sur Meta (anciennement Facebook) au début de l’année 2022. Le cours a atteint un sommet historique, mais le RSI avait déjà entamé une lente dégradation. Cette divergence signalait bien avant l’heure que, malgré les hausses apparentes, la dynamique sous-jacente s’affaiblissait.
La théorie de Dow
Ce signal devient encore plus pertinent lorsqu’il est mis en perspective avec la théorie de Dow. Même si l’approche est classique, elle est reconnue depuis de nombreuses années. Selon cette théorie, une tendance haussière se caractérise par des sommets et des creux de plus en plus hauts. Tant que cette structure est respectée, la tendance reste intacte. Mais dès qu’un nouveau sommet n’est pas formé ou qu’un creux précédent est cassé, on parle de rupture de tendance. C’est à ce moment-là qu’un investisseur averti doit envisager de réduire ou liquider sa position.
Cas concret avec Meta
Dans le cas de Meta, cette rupture a été nette. Après une phase de hausse ponctuée de plus hauts successifs, le titre a cassé un support majeur, testé plusieurs fois dans les mois précédents. En quelques séances seulement, la structure haussière s’est inversée, confirmant le signal donné en amont par la divergence du RSI.
C’est en regroupant ces deux analyses ( faiblesse du momentum détectée par le RSI et cassure de structure selon Dow ) que les signaux de vente sont devenus à la fois visibles et alignés. Ceux qui s’y sont fiés ont pu vendre autour de 330 $, bien avant que le titre ne plonge sous les 120 $ quelques mois plus tard. Cela montre que les indicateurs ne sont là pour nous aider à identifier un point de bascule.
D’ailleurs, si vous souhaitez approfondir vos connaissances en analyse technique, nous avons conçu un programme spécialement pour vous. Notre programme complet INVESTISSEUR PRO a été pensé pour les traders et investisseurs qui souhaitent passer à la vitesse supérieure. Il va vous apporter une compréhension approfondie des indicateurs techniques clés, tels que les moyennes mobiles, l’Ichimoku, le RSI, ou encore les bandes de Bollinger. Vous apprendrez à interpréter ces outils, mais aussi à les intégrer efficacement dans une stratégie de trading cohérente et performante.

Comme vous pouvez le voir sur l’image, le cours de META était sur une pente haussière intéressante. Techniquement il était en tendance haussière selon la théorie de Dow. Une fois que le dernier support a été cassé, nous avons observé un retournement de tendance important qui a conduit le titre à perdre plus de 55 %.
Cette image illustre à quel point il est essentiel d’être attentif au graphique, car il nous fournit des informations précieuses sur le timing d’entrée ou de sortie.
Intégrer la vente d’une action dans votre stratégie personnelle
Parfois, vendre une action n’a rien à voir avec la santé de l’entreprise ou les conditions du marché. Il s’agit simplement d’un changement dans votre propre stratégie.
Cela peut être, par exemple, l’atteinte d’un objectif de rendement que vous vous étiez fixé. Si une action a doublé en valeur, pourquoi continuer à la conserver si votre plan initial était de prendre vos profits à +50 % ? Ce type de discipline est souvent ce qui distingue les investisseurs gagnants des amateurs.
Vous pouvez aussi évoluer vers une approche plus défensive. Si le contexte économique devient incertain, ou si vous approchez de la retraite, réduire votre exposition au risque devient logique.
Il existe aussi des raisons plus personnelles : Un besoin de liquidité pour un achat immobilier, le lancement d’un projet entrepreneurial, ou l’envie de recentrer votre portefeuille sur moins de positions.
Un investisseur ayant accumulé des titres technologiques à forte croissance peut les liquider pour financer un projet d’investissement locatif. Il sécurise ainsi ses profits et les réinjecte dans un actif plus tangible, tout en continuant à bénéficier de l’effet boule de neige.
Quand vendre une action : les alertes
Pour repérer facilement les actions qui respectent vos critères, il est aujourd’hui non seulement possible, mais presque indispensable d’utiliser des outils de screening comme Investing Pro, Finviz ou ZoneBourse. Ces plateformes proposent des screeners qui permettent de filtrer en quelques secondes les valeurs en fonction de leurs fondamentaux, de leur valorisation, de leur secteur, et même de leur configuration technique.
Comment repérer les actions à vendre avec l’analyse fondamentale
Prenons un exemple simple : Si vous souhaitez repérer les actions dont les bénéfices sont en baisse depuis trois trimestres, ou dont le PER dépasse largement la moyenne sectorielle, il suffit de renseigner ces critères dans un screener fondamental. En quelques clics, vous obtenez une liste d’actions à surveiller ou à exclure de votre portefeuille.
De la même manière, si vous cherchez à identifier des signaux techniques de retournement, comme un croisement de moyennes mobiles ou une cassure de support. Certains screeners intègrent ces filtres dans leurs options d’analyse technique. Vous pouvez même être alerté automatiquement lorsque l’un de ces signaux apparaît sur une valeur que vous suivez.
En faisant cela, non seulement vous gagnez un temps précieux, mais surtout vous prenez des décisions plus objectives, en évitant le piège de l’attachement émotionnel à une action. Grâce à ce type d’outil, il devient beaucoup plus facile de passer à l’action lorsqu’un titre commence à montrer des signes de faiblesse — qu’ils soient fondamentaux, techniques ou stratégiques.

Conclusion : Vendre une action c’est aussi savoir gagner
Savoir vendre, c’est une forme d’intelligence émotionnelle et stratégique. Ce n’est en aucun cas un aveu d’échec, mais plus un acte de lucidité. La détérioration des fondamentaux, la survalorisation, les signaux techniques négatifs et l’évolution de vos objectifs personnels sont autant de raisons valables de sortir de position.
Le bon investisseur n’est pas celui qui reste accroché à ses actions coûte que coûte, mais celui qui sait s’adapter, remettre en question ses convictions, et agir avant que le marché ne le force à le faire dans la douleur.
Anticiper, c’est préserver son capital. Et préserver son capital, c’est se donner les moyens de continuer à investir — et à gagner — sur le long terme.