Trader les earnings et profiter des publications de résultats
Chaque trimestre, il y a des événements qui déclenchent des vagues de volatilité capables de faire grandement grimper ou chuter les marchés : ce sont les annonces des résultats, aussi appelées earnings. Pour les investisseurs comme pour les traders actifs, ces publications sont des moments décisifs, car elles révèlent la véritable santé financière des entreprises cotées et peuvent modifier en profondeur la perception du marché.
Les earnings ne sont pas de simples communiqués comptables : ce sont des catalyseurs de prix, souvent à l’origine des plus gros mouvements de l’année sur certaines actions. Que ce soit une bonne ou une mauvaise surprise, les réactions sont souvent immédiates et intenses.
Dans ce guide, nous allons voir ensemble ce que sont les earnings, comment ils fonctionnent et pourquoi ils sont importants pour les marchés, et surtout comment les aborder intelligemment, que l’on soit investisseur long terme ou trader actif.
Qu’est-ce que les “earnings” ?
Les earnings, ou publications de résultats financiers, sont des moments clés pour toutes les entreprises cotées. Ils permettent de faire le point sur la performance économique et financière d’une société sur une période donnée.
- Aux États-Unis les publications sont faites en général tous les trimestres. Cette fréquence élevée est liée aux exigences de transparence des marchés américains. Ils imposent aux entreprises de communiquer régulièrement leurs chiffres pour informer les investisseurs.
- En Europe, le rythme est souvent semestriel ou annuel, mais de plus en plus d’entreprises adoptent une communication plus rapprochée pour séduire les investisseurs internationaux.
Chaque earnings donne donc au marché une photographie précise de la période écoulée, tout en influençant directement le cours de l’action.
Les éléments qui composent les earnings
Il y a trois éléments majeurs qui composent systématiquement ces annonces.
1. Le Bénéfice par Action (EPS) : le baromètre de la rentabilité
Le premier est le Bénéfice par Action (EPS), qui indique le bénéfice net attribué à chaque action. C’est un véritable indicateur clé de la rentabilité d’une entreprise. Si l’EPS dépasse les attentes des analystes, la réaction du marché est souvent immédiate, car cela indique une performance plus importante que prévu.
2. Le chiffre d’affaires : mesurer la dynamique commerciale
Le second élément est le revenu, ou chiffre d’affaires, qui mesure la capacité de l’entreprise à vendre ses produits ou services. Un chiffre d’affaires en forte progression rassure forcément les investisseurs sur la dynamique commerciale. Tandis qu’un ralentissement peut susciter des doutes sur les prochains bénéfices de l’entreprise.
3. La guidance : les prévisions qui font bouger les marchés
Enfin, le dernier élément est la guidance. Elle correspond aux prévisions que la direction communique pour les prochains trimestres. C’est souvent elle qui pèse le plus sur le cours de Bourse, parfois même davantage que les résultats publiés, car elle oriente les investisseurs sur ce qui les attend dans le futur.
Prenons un exemple concret avec Apple en 2018. Malgré des résultats trimestriels excellents, la firme avait publié une guidance plus prudente pour le trimestre suivant, anticipant un ralentissement des ventes d’iPhone. Résultat : l’action avait chuté de plus de 7 % en post-market, prouvant que les anticipations futures peuvent peser plus lourd que les performances passées.
Vous devez savoir que ce type de situation est fréquente : une entreprise peut battre les attentes sur le trimestre en cours, mais si elle révise ses objectifs à la baisse, le marché réagit négativement. À l’inverse, une guidance optimiste peut faire décoller le cours même si les chiffres sont légèrement en dessous des prévisions.
C’est pourquoi les earnings sont autant scrutés par les investisseurs et les traders : ils combinent une analyse du passé et une projection vers l’avenir, deux dimensions essentielles pour comprendre les mouvements de marché.
Pourquoi les earnings sont-ils importants ?
Les earnings sont le seul moment où le marché obtient une vision claire et véritable de la santé réelle de l’entreprise. Contrairement aux rumeurs, aux anticipations ou aux commentaires d’analystes, les résultats trimestriels sont des données tangibles. Ils traduisent clairement ce qui s’est passé dans les comptes au cours des trois derniers mois.
Une boussole indispensable pour les investisseurs
Pour les investisseurs institutionnels comme pour les particuliers, ces chiffres servent de boussole. Ils permettent d’ajuster les portefeuilles, de réévaluer des valorisations et même parfois de redéfinir totalement une stratégie d’investissement sur un titre.
Un rapport solide peut provoquer une vague d’achats immédiate, car il confirme ou dépasse les attentes des analystes. Par exemple, lorsque Microsoft a publié au T1 2023 des bénéfices largement supérieurs aux prévisions grâce à la montée en puissance de son segment cloud Azure, le titre a bondi de plus de 8 % en quelques heures, déclenchant une revalorisation de tout le secteur technologique.
À l’inverse, un rapport décevant peut entraîner une liquidation éclair, surtout sur des titres très détenus. Meta, en février 2022, a perdu plus de 200 milliards de dollars de capitalisation en une seule séance après avoir publié une baisse inattendue de ses utilisateurs quotidiens, illustrant à quel point un miss peut faire vaciller même les géants.
Cours de Meta - Source FIND CLUB
Le jeu du “beat” ou du “miss” : le véritable moteur des mouvements
Si on va au-delà des chiffres bruts, les earnings permettent surtout de comparer la réalité économique aux attentes du marché. Avant chaque publication, des dizaines d’analystes de grandes banques publient leurs estimations (EPS/BPA), de revenus et de guidance. Le consensus représente cette moyenne d’attentes. Si l’entreprise annonce des résultats supérieurs au consensus, on parle de “beat”, souvent synonyme de rallye instantané. En revanche, si elle sort des résultats plus bas que prévu, on parle de “miss”. Ce mécanisme est le moteur majeur des mouvements violents autour des earnings.
L’effet de contagion sectorielle
Enfin, il faut comprendre que les earnings ne concernent pas seulement l’entreprise isolée : ils ont souvent un effet de contagion sectorielle. Lorsqu’un leader d’un secteur publie des chiffres très supérieurs ou très inférieurs aux attentes, cela influence la perception de l’ensemble de la chaîne de valeur.
Prenons l’exemple d’Apple : une annonce de ventes d’iPhone en baisse ne touche pas uniquement Apple elle-même, mais aussi ses fournisseurs de composants comme TSMC, ses partenaires logistiques et même certaines entreprises de semi-conducteurs. De la même manière, des résultats exceptionnels chez une banque systémique américaine peuvent redonner confiance à tout le secteur financier, entraînant des flux acheteurs sur des banques régionales ou étrangères.
Impact des earnings sur le cours de bourse
L’impact est souvent immédiat et spectaculaire. Prenons trois cas typiques :
- Cas 1 : Résultats supérieurs aux attentes → Une entreprise dépasse largement les prévisions de bénéfices et de revenus, accompagnée d’une guidance optimiste. Résultat : le cours de Bourse de l’entreprise bondit dès l’ouverture.
Exemple : Tesla, en octobre 2021, a surpris tout le marché avec des marges record, +12 % en une journée.
- Cas 2 : Résultats inférieurs aux attentes → Même un petit écart peut être lourdement sanctionné.
Meta (Facebook), en février 2022, a publié une baisse inattendue de ses utilisateurs actifs. Malgré des revenus encore solides, l’action a chuté de plus de 25 % en une séance.
- Cas 3 : Guidance décevante → Parfois, les résultats sont bons… mais la direction annonce des prévisions prudentes.
Apple, en mai 2023, a publié des chiffres supérieurs aux attentes, mais l’entreprise a averti d’un possible ralentissement à venir. L’action a corrigé malgré un rapport “positif”.
Comment les traders et investisseurs se préparent aux earnings ?
Un trader expérimenté ne se jette pas dans une publication sans préparation. La première étape consiste à analyser le consensus des analystes : quelles sont les attentes en matière d’EPS et de revenus ? Une entreprise qui a l’habitude de “surprendre” positivement attire plus de spéculateurs avant l’annonce.
Ensuite, on étudie l’historique des réactions. Certaines actions réagissent de manière explosive, d’autres sont plus calmes. Par exemple, Netflix a une longue tradition de mouvements post-earnings à deux chiffres, tandis que Procter & Gamble bouge beaucoup moins.
Certains acteurs utilisent des options pour se couvrir ou spéculer. Par exemple, acheter un straddle permet de profiter d’un gros mouvement, peu importe la direction.
D’autres intervenants préfèrent réduire leur exposition ou attendre le lendemain pour prendre un trade. Cette dernière stratégie permet d’éviter les gaps trop violents et de pouvoir établir des scénarios pour la suite.
Pour finir, la volatilité implicite augmente fortement avant l’annonce. Cela influence le prix des options et la dynamique de marché. Un trader bien préparé prend en compte cette donnée.
Erreurs fréquentes à éviter
Trader impulsivement
La première est de trader impulsivement en se basant uniquement sur un chiffre ou un titre d’article, sans comprendre la globalité du rapport. Un BPA supérieur ne suffit pas si la guidance est mauvaise.
Ignorer le contexte du marché
Une autre erreur courante que l’on observe énormément, c’est d’ignorer le contexte. Si l’action a déjà fortement monté dans les semaines précédentes, une bonne nouvelle peut déjà être intégrée dans les prix. C’est le fameux phénomène du “buy the rumor, sell the news”.
Oublier les éléments exceptionnels
Enfin, nombreux sont ceux qui négligent les éléments exceptionnels. Une entreprise peut afficher une hausse artificielle des bénéfices liée à une cession d’actifs ou à une réduction temporaire de coûts. Trader sans lire au moins les grandes lignes du rapport complet, c’est avancer les yeux fermés.
Et c’est précisément là que la compétence fait toute la différence.
Comprendre les rapports financiers, replacer les chiffres dans un contexte plus large, analyser les signaux et apprendre à prendre des décisions réfléchies… tout cela s’acquiert avec la bonne méthode. C’est aussi pour éviter ces erreurs et pour aider les investisseurs à développer un raisonnement solide, structuré et indépendant que nous avons conçu la formation INVESTISSEUR PRO.
Elle t’accompagne pas à pas pour analyser les marchés financiers, identifier les pièges les plus fréquents et construire des décisions vraiment éclairées.
Conclusion
Les earnings sont des événements incontournables dans le monde de la finance. Ils concentrent en quelques heures une quantité d’informations qui peuvent bouleverser la valorisation d’une entreprise. Bien préparé, un investisseur peut en tirer profit, en anticipant les réactions du marché ou en utilisant des stratégies adaptées.
La clé réside dans la compréhension des chiffres, la mise en perspective avec les attentes, et une gestion rigoureuse du risque. Suivre les calendriers de publications, s’entraîner à lire les rapports financiers et apprendre à combiner analyse fondamentale et technique sont des étapes essentielles pour passer d’une approche réactive à une approche proactive.