Adapter son portefeuille aux cycles économiques : comprendre la croissance pour mieux investir

Comprendre les cycles économiques n’est pas un luxe réservé aux économistes de banque centrale ou aux stratèges de hedge funds. C’est une compétence essentielle pour tout investisseur ou trader qui veut donner du sens à ses décisions. Les marchés financiers, bien qu’animés par des flux, des émotions et des effets de mode, restent fondamentalement liés à l’économie réelle. C’est cette croissance – ou son absence – qui nourrit les profits des entreprises, détermine le niveau des taux d’intérêt, influence les décisions politiques et oriente les capitaux.

C’est pourquoi les grandes institutions, banques centrales, fonds de pension ou sociétés de gestion scrutent en priorité l’évolution du PIB. Cette mesure agrégée de la richesse produite dans une économie est l’indicateur central du cycle économique. À lui seul, il permet de situer l’activité économique, d’anticiper les phases et d’adapter les stratégies d’investissement.

Dans cet article, vous allez découvrir comment repérer les grandes phases du cycle du PIB et comment interpréter les signaux envoyés par la courbe des taux. Vous verrez surtout comment aligner votre portefeuille à la réalité économique, pour maximiser les opportunités tout en réduisant les risques.

Les 5 grandes phases du cycle du PIB : caractéristiques et signaux clés

Le cycle économique, ou cycle des affaires, est souvent représenté par cinq grandes étapes. Ce sont des mouvements récurrents, mais non symétriques. Ils sont rythmés par des phases d’accélération, de ralentissement et de croissance.

Chaque phase possède ses caractéristiques propres.

Les 5 grandes phases du cycle du PIB

Phase d’expansion

La phase d’expansion est celle où l’économie se porte bien, voire très bien. Le PIB progresse à un rythme soutenu, tiré par une forte consommation, des investissements dynamiques et une confiance généralisée des ménages et des entreprises.

Caractéristiques principales :

  • Le chômage recule
  • Les embauches se multiplient
  • Les entreprises augmentent leurs capacités de production
  • Les profits s’améliorent trimestre après trimestre.

Les banques centrales, dans ce contexte, maintiennent souvent des taux relativement bas dans un premier temps, avant d’amorcer progressivement un resserrement pour éviter la surchauffe. Sur les marchés, ce climat porteur bénéficie d’abord aux secteurs cycliques, ceux qui amplifient la croissance : consommation discrétionnaire, industrie, technologies, services financiers. Une période comme 2017-2018 aux États-Unis illustre parfaitement cette phase : l’économie américaine, dopée par des taux bas et une politique fiscale expansionniste, a connu une croissance solide accompagnée de marchés haussiers très larges.

Phase de pic (ou surchauffe)

Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel : le PIB finit par atteindre un plafond. Arrive alors la phase de pic ou de surchauffe. La croissance reste positive, mais elle ralentit. Les tensions inflationnistes s’accumulent, les capacités de production deviennent de plus en plus saturées et les salaires commencent dangereusement à faire pression sur les marges.

Face à ces déséquilibres, les banques centrales accélèrent le resserrement monétaire. Ce processus alourdit les coûts d’emprunt pour les ménages comme pour les entreprises. Les profits commencent à se réduire, d’autant plus que la volatilité s’installe sur les marchés.

Les investisseurs délaissent donc les valeurs cycliques au profit de secteurs plus résilients, comme la santé ou les biens de consommation de base.

Phase de décroissance et creux

Après le pic vient inévitablement le creux et c’est le moment de tension maximale sur les marchés.

  1. L’économie flanche, les indicateurs se dégradent fortement, la croissance devient négative.
  2. Le chômage grimpe, les résultats d’entreprises s’effondrent, les faillites se multiplient.
  3. Les investisseurs, pris de panique, fuient les actifs risqués.
  4. C’est pourtant à ce moment que se mettent en place les conditions du rebond : les banques centrales interviennent de manière agressive, baissent les taux, injectent de la liquidité.
  5. Les gouvernements lancent des plans de relance budgétaire pour soutenir la demande.

Paradoxalement, les marchés peuvent repartir bien avant que les chiffres économiques ne s’améliorent. Les valorisations sont faibles, les opportunités nombreuses. C’est souvent dans ces moments que les investisseurs les plus lucides se repositionnent progressivement sur les actifs cycliques, les matières premières, les petites capitalisations ou les valeurs à fort bêta. Les exemples ne manquent pas : le creux de mars 2009 après la crise des subprimes, ou celui de mars 2020 en pleine panique liée à la pandémie.

Phase de récession

La récession est la phase qui fait le plus peur à l’économie. C’est un moment où l’on plonge clairement dans la faiblesse. Le PIB se contracte durant plusieurs trimestres, la consommation ralentit, les entreprises coupent leurs dépenses. Le moral est au plus bas, les marchés restent nerveux, les bénéfices reculent.

Les banques centrales, ayant déjà assoupli leur politique, n’ont souvent d’autre choix que d’utiliser des outils très restrictifs pour soutenir l’économie.

Dans ce climat, les investisseurs recherchent la sécurité et se tournent vers les obligations d’État, la liquidité et d’autres valeurs ultra défensives. Ces dernières, comme les entreprises pharmaceutiques ou les distributeurs de produits de première nécessité, deviennent les plus attractives.

Les années 2008, 2020 ou encore 1991 aux États-Unis incarnent bien cette phase, où la priorité n’est plus la performance.

Phase de reprise

Puis vient la reprise. Discrète au départ, elle se manifeste par des signaux faibles mais encourageants. Il y a une amélioration de l’ISM, un redressement des nouvelles commandes et une stabilisation des perspectives de bénéfices. Le chômage cesse de progresser, la consommation redémarre doucement. C’est une phase où l’incertitude demeure, mais où les opportunités d’investissement sont majeures pour ceux qui savent les identifier tôt.

Les secteurs cycliques, les banques, l’énergie, les industrielles reprennent le leadership. Fin 2020 et début 2021, avec la campagne de vaccination et la réouverture progressive de l’économie mondiale, les marchés ont connu une phase d’euphorie post-Covid, alimentée par cette dynamique de reprise.

Comment repérer dans quelle phase on se trouve ?

Savoir dans quelle phase du cycle on se trouve est un enjeu central pour adapter ses décisions. Mais le PIB étant un indicateur retardé, il faut s’appuyer sur des données dites « avancées ».

Les enquêtes de conjoncture comme l’ISM manufacturier et services, les données d’inscriptions au chômage, les modèles de PIB en temps réel comme GDP Now de la Fed d’Atlanta, ou encore l’inflation, permettent de capter les variations avant qu’elles ne soient confirmées dans les statistiques officielles du gouvernement.

Exemple concret : le cycle 2020–2023

L’analyse du cycle 2020–2023 montre bien cette nécessité d’agilité : un effondrement brutal au printemps 2020, suivi d’une reprise accélérée, d’un pic inflationniste début 2022, puis d’un ralentissement graduel, visible bien avant dans les indicateurs avancés.

L’erreur serait d’attendre les publications officielles, souvent trop tardives, pour ajuster sa stratégie. C’est dans la lecture combinée de plusieurs signaux que se trouve la clé : la trajectoire de l’inflation, la dynamique de l’emploi, les perspectives de commandes et les anticipations des chefs d’entreprises doivent être intégrées dans une lecture globale du cycle.

Les publications macroéconomiques comme le PIB, l’inflation, le chômage ou encore les décisions des banques centrales déclenchent souvent une forte volatilité sur les marchés financiers. Ces réactions sont parfois disproportionnées et il est essentiel d’apprendre à les anticiper. Nous avons dailleurs déjà réalisé une vidéo, sur les annonces économiques et leurs impacts sur les marchés.

Courbe des taux : lecture, formes et interprétations

Un autre outil souvent oublié par les particuliers pour anticiper les cycles est la courbe des taux. Celle-ci représente la différence entre les taux d’intérêt à court terme et à long terme.

Lorsque la courbe est ascendante, avec des taux long terme supérieurs aux taux court terme, cela reflète une situation normale. La croissance est attendue, et les investisseurs exigent une prime de risque pour prêter sur une durée plus longue.

C’est le cas typique d’une phase d’expansion.

Illustration de la courbe des taux (2024 - 2025)

Une courbe plate indique que le marché doute. Les anticipations de croissance s’amenuisent, les banques centrales sont peut-être en phase de transition, et la volatilité augmente. Ce type de configuration annonce souvent un changement de phase, sans pour autant donner un signal clair immédiat.

La forme la plus redoutée par l’ensemble de l’économie et de ses acteurs… c’est la courbe inversée.

Lorsqu’elle survient, cela signifie que les taux à court terme sont devenus plus élevés que les taux à long terme. Ce phénomène reflète une anticipation claire d’un ralentissement économique imminent.

Les investisseurs n’attendent plus de croissance à long terme, et anticipent parfois même un retournement.

Historiquement, l’inversion de la courbe des taux a précédé toutes les grandes récessions modernes. C’est un indicateur avancé extrêmement puissant, qui mérite d’être suivi de près.

Adapter son portefeuille et son style de trading selon la phase

Comment adapter son portefeuille aux cycles économiques ?

Une fois le diagnostic établi, la question essentielle est celle de l’allocation. Adapter son portefeuille au cycle n’implique pas nécessairement de tout bouleverser à chaque trimestre, mais d’ajuster progressivement la pondération des actifs en fonction du contexte macroéconomique.

Dans ce cadre, le programme TRADER PLUS constitue un véritable levier de progression. Il rassemble trois formations complémentaires qui permettent d’acquérir les bases solides des marchés financiers, de comprendre en profondeur les mécanismes économiques et de mettre en place une stratégie d’investissement adaptée aux différentes phases du cycle. L’objectif est double : bâtir un portefeuille diversifié et optimisé, tout en développant une approche dynamique qui favorise la génération de revenus complémentaires sur le long terme.

Pour les investisseurs long terme, les cycles permettent de mettre en place des rotations sectorielles cohérentes.

Durant les phases d’expansion, on peut surpondérer certains secteurs cycliques, tout en réduisant progressivement son exposition au fur et à mesure que les signes de ralentissement apparaissent.

En période de pic ou de récession, les valeurs défensives solides sont à privilégier, ainsi que les obligations souveraines. Il peut aussi être judicieux d’augmenter sa part de liquidités pour préserver une partie du capital.

À l’approche d’un creux, l’investisseur pourra commencer à se repositionner sur des secteurs plus volatils, mais porteurs à moyen terme.

Comment adapter sa stratégie de trading aux cycles économiques ?

Du côté du trading actif, l’approche dépendra fortement du style personnel. En expansion, les stratégies de breakout ou de momentum sont souvent gagnantes, alors qu’en période de transition ou de courbe plate, les stratégies de range trading deviennent plus pertinentes. Lors des creux, certains traders expérimentés peuvent adopter une approche contrarienne, en pariant sur un rebond des actifs survendus.

Dans tous les cas, la cohérence entre le contexte macro et le style d’intervention reste déterminante. L’utilisation d’ETF sectoriels permet une grande réactivité, tandis que les options offrent des solutions de couverture ou de levier selon les scénarios envisagés.

Conclusion : passer du constat à l’action

Ce que nous avons vu dans cet article ne doit pas rester un simple exercice académique. Cela doit déboucher sur des décisions concrètes.

Lire le PIB, suivre les taux, anticiper les rotations sectorielles : tout cela permet d’être en phase avec le marché, au lieu de le subir.

La clé réside dans la régularité. Mettre en place une routine d’analyse macroéconomique, chaque mois ou chaque trimestre, permet d’anticiper les changements de régime, de rester lucide face aux excès du marché, et d’agir avec discernement.

Ceux qui gagnent en bourse ne sont pas les plus rapides, mais ceux qui savent naviguer dans le bon sens.

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