Le ROI des « HEDGE FUNDS » (Steve Cohen)

Transcription

Aujourd’hui nous allons nous intéresser à un homme reconnu comme l’un des grands maîtres mondiaux des fonds spéculatifs, Steve Cohen. C’est tout simplement l’un des grands noms de la finance mondiale contemporaine. Habile en trading comme en affaires, l’Américain est devenu l’un des hommes les plus riches du monde à la tête de SAC Capital Advisors. L’homme, adepte du trading à court terme et de la prise de risque, a d’abord convaincu les sociétés les plus prestigieuses de lui faire confiance : comme Amazon ou Electronic Arts. Mais son tempérament et sa confiance en lui lui ont parfois joué des tours, quitte à le plonger dans la controverse et le propulser devant les tribunaux. C’est son histoire que nous allons vous raconter aujourd’hui, c’est parti !

Comme pour tous ceux qui se sont fait un nom dans les marchés financiers, Cohen montre déjà certaines prédispositions dans sa jeunesse…

Un goût du challenge précoce

De son nom complet Steven A. Cohen, il nait le 11 juin 1956 et à Great Neck, à Long Island, dans l’État de New York. Il est le fils d’un père couturier dans l’industrie textile à Manhattan et d’une mère professeure de piano. Il grandit dans une famille plutôt nombreuse. Il a sept autres frères et sœurs. Ses années d’études se passent sans accroc. Il est diplômé de l’école de commerce Wharton (qui fait partie de l’Université de Pennsylvanie) en 1978. Il fait d’ailleurs partie de la fraternité Zeta Beta Tau, l’une des plus importantes des États-Unis.
Pendant ses années, le jeune new-yorkais découvre l’amour de l’argent, du challenge et du risque. Il joue souvent au poker, et participe à des tournois amateurs avec son propre argent. Bien des années après, il raconte encore à quel point ce jeu lui a « appris à prendre des risques ». Quant à l’art de l’investissement, il le découvre très jeune puisque pendant ses études, un ami l’aide à ouvrir un compte de courtage avec les 1 000 dollars de ses frais de scolarité.

Fraîchement diplômé, le jeune homme est promis à un brillant avenir. Il ne tarde pas à connaître un succès éclatant…

Le « roi des hedge funds »

A peine sorti de son cursus scolaire, il commence à travailler chez Gruntal & Co en tant que courtier sur le marché des obligations. Très vite à l’aise, trop à l’aise, il quitte cette société en 1984 pour fonder la sienne, SAC. En 1992, il lance finalement son propre fonds spéculatif, SAC Capital Advisors, avec vingt millions de dollars provenant de son patrimoine et quelques autres millions de capitaux extérieurs. La société de Steven Cohen utilise une approche de négociation agressive et basée sur de gros volumes pour la gestion des placements. En 1999, Cohen suggère d’échanger 20 millions d’actions par jour. Finalement, 25 ans plus tard, l’entreprise de Steven Cohen gère près de 14 milliards de dollars d’actions.
Très vite, le succès de Steve Cohen est tel qu’il est reconnu par l’ensemble de la profession. Si bien qu’un article du Wall Street Journal paru en 2006 le surnomme « Roi des hedge funds ». Un titre qui le suit encore aujourd’hui. Il apparaît ensuite dans de nombreux classements prestigieux. En 2007, le Time le classe 94e sur sa liste annuelle des 100 personnes les plus influentes au monde. En 2011, il intègre pour la première fois le club des 50 personnalités les plus influentes du Bloomberg Markets Magazine.
Mais quelle est la clé du succès de Cohen ? Tout simplement en misant tout sur des transactions à haut risque, hautement rémunératrices, et à court terme. En somme, Steve Cohen est l’anti-Warren Buffet, ou l’anti-Paul Tudor Jones. A son apogée, il parvient d’ailleurs à entrer jusqu’à 300 nouvelles transactions par jour. Ainsi, son portefeuille atteint 70 % des gains de la bulle technologique Dotcom (à la fin des années ’90) et en gagne 70 % de plus lorsqu’elle éclate en 2000. En 2007, SAC Capital Advisors investit 76 millions de dollars dans Equinix puis 26,7 milliards sur Ardea Biosciences début 2012. Peut-être est-ce la chance ou l’expérience puisée dans sa jeunesse, mais l’Américain a le sens du bon pari et de la bonne mise. Aujourd’hui sa fortune s’élève à 14 milliards de dollars selon Forbes, ce qui fait de lui le 77e homme le plus riche du monde.

Mais une fois que l’on réussit incontestablement dans un domaine, comment ne plus s’ennuyer dans le monde des affaires ? Et bien, en se diversifiant…

De la finance au baseball

Le milliardaire en est un très bon exemple. Il sait se renouveler. C’est ainsi que fin 2020 il rachète une équipe historique de baseball. Steven Cohen compte effectivement dépenser 2,4 à 2,5 milliards de dollars pour acheter les New York Mets. Une nouvelle victoire qu’il remporte face à un groupe d’investisseurs mené par la chanteuse Jennifer Lopez et l’ancien joueur Alex Rodriguez. C’est ainsi que le natif de Great Neck s’apprête à faire le plus gros investissement de toute sa carrière.
Cet achat prouve que l’homme n’est pas seulement un remarquable trader, mais aussi un redoutable homme d’affaires. Le gestionnaire de 64 ans doit acquérir 95 % du club lauréat des World Series en 1969 et 1986, ce qui ferait de lui le propriétaire de club de baseball le plus riche du monde.

A ce jeu là, Steve Cohen semble bien être un de ces hommes richissimes à la dépense facile, mais surtout extravagante…

Collectionneur acharné

Ce n’est un secret pour personne dans le milieu de la finance, Steve Cohen aime dépenser son argent dans des achats imposants et démesurés. Il a par exemple acheté une maison dans le Connecticut pour 148 millions d’euros (en plus de toutes les propriétés qu’il possède déjà). Mais en plus il s’est offert tous les terrains environnants et a agrandi son domaine qui atteint désormais 35 000 m². Rien que ça. C’est ce que l’on appelle avoir la folie des grandeurs.
Mais ce n’est pas tout puisqu’il s’avère être également un collectionneur d’art acharné. Steven Cohen est connu pour ses collections de tableaux impressionnantes. Il possède des œuvres de Wilhem de Kooning ou de Manet. En mars 2013, il fait l’acquisition du Rêve (1932) de Pablo Picasso pour la somme record de 155 millions de dollars. Pour la petite anecdote, l’investisseur figure régulièrement, depuis 2002, sur la liste des 10 meilleurs collectionneurs d’art dans le monde du magazine Art News.

Mais malgré ces succès éblouissants et cette attitude flamboyante, le trader n’en reste pas moins une personnalité très controversée, condamné notamment à un exil forcé…

Un homme controversé

Car le succès et l’argent n’empêchent pas de faire des erreurs, ni d’enfreindre la loi. Ainsi, le fondateur de SAC Capital est condamné dans une affaire tentaculaire de délit d’initié et interdit de gestion en 2013. Steve Cohen ne peut alors tout simplement plus gérer l’argent d’investisseurs pendant 5 ans. Depuis 2018, pour revenir et de nouveau gérer l’argent de clients, l’adepte des risques nomme un consultant indépendant pour son fonds spéculatif. En gage de bonne foi, il recrute même un ancien procureur et renforce ses procédures de contrôle et conformité. Il prend désormais du recul. Sa contribution aux profits du fonds ne cesse d’ailleurs de diminuer. Ses traders peuvent espérer toucher 25 % des bénéfices qu’ils génèrent, contre 20 % auparavant.
Ce n’est pas la première fois que les méthodes de Cohen sont contestées. Il l’avait déjà été en 2008 lorsque les sociétés Elan & Wyeth, qui développaient un médicament pour Alzheimer, ont annoncé le résultat décevant de leur deuxième phase d’essais cliniques avant de voir leurs actions chuter. SAC Capital Advisors avait accumulé alors une position longue de 700 millions de dollars sur les produits. Steve Cohen n’a alors pas partagé la perte. Au cours de la semaine précédant l’annonce, il avait parié contre Elan & Wyeth en liquidant les positions de près de 750 millions de dollars du fonds et en réduisant les actions. Cela lui a rapporté 275 millions de dollars.

À retenir

Steve A. Cohen est rentré dans l’histoire du trading, mais aussi du monde des affaires en général. Il est l’exemple parfait de ces grandes figures de la finance, qui ont des vies avec des hauts vertigineux et des bas peu glorieux. Il n’en reste pas moins un fervent amateur d’art ainsi qu’un habile homme d’affaires qui, ironiquement, sait parfaitement jouer sur plusieurs tableaux.

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